19 septembre – 21 novembre 2020
La main heureuse
Rebecca Digne

Cette exposition s’inscrit dans le programme Suite initié par le Centre national des arts plastiques (Cnap) en partenariat avec l’ADAGP

Énigmatique et protéiforme, le travail de Rebecca Digne se construit au seuil du tangible et de l’éthéré, dans un espace qui fait émerger une poétique délicate et incisive à la fois. Les questions du territoire et des identités poreuses, de la langue maternelle et du mimétisme, du temps et de la durée sont au cœur de son travail.

Pour son exposition à la Halle, l’artiste poursuit les recherches commencées pour le film Tracer le vide (2017). Cette œuvre, inspirée de la biographie de l’artiste, met en scène des hommes et des femmes essayant de lier la côte française à la côte italienne avec un cordage marin. Ce geste, tant vain que poétique, cristallise le lien affectif et essentiel d’un sujet à un territoire. Les images troublent néanmoins les repères. Les plages filmées sont définies par leur charge émotionnelle, symbolique, et non pas politique ou géographique. Ce sont alors les éléments naturels qui accompagnent cette quête silencieuse, en équilibre entre perte et attachement.

Émanant de ce travail, les nouvelles recherches de l’artiste portent sur les relations spéculaires entre géographie et identité. Marquée par la topographie unique du village de Pont-en-Royans, Rebecca Digne puise dans ce paysage — caractérisé par l’action de la rivière et la roche — pour créer des œuvres qui réintègrent des éléments architecturaux et naturels du site. Des sculptures emblématiques s’érigeront dans le centre d’art et sur l’eau en contrebas. Tels des totems ou des outils sans fonction, ces artefacts modifient le paysage environnant tout en présentant une nouvelle image de ces mêmes lieux, transfigurés par ce geste.

Protéiforme, l’exposition présentera un parcours qui conduit le visiteur dans un espace où les formes agissent à la fois comme repères et brouilleurs de pistes. Les œuvres sont ensemble connotées et universelles : elles posent les bases d’une identité compréhensive et étendue ainsi que d’un langage primordial et non verbal, commun à tout un chacun et pourtant propre.

Photos © Romain Darnaud et Nelly Monnier.