Les œuvres de Suzanne Husky témoignent de sa pratique du documentaire, sans jamais se départir d’un regard empreint de sociologie. L’artiste observe les inclinaisons de son époque, ses marges et opère par juxtapositions, glissements, mises en relation de données liées à une actualité. Cette approche se teinte d’une poétique et d’un humour qui empruntent aux codes de la résistance organisée face au flux de la mondialisation - voire de la désobéissance civile (héritée de Henri David Thoreau, exilé volontaire et ermite de la révolution industrielle).

Suzanne Husky présente à la Halle une série de céramiques créées au printemps lors de sa résidence à Moly Sabata en Isère. Œuvres qui font écho à une partition et une vidéo de l’interprétation au piano de son "Requiem pour 25 000 poulets".

D’autres œuvres plus anciennes sont exposées, dont certaines ont été développées plusieurs années durant au fil d’expositions entre San Francisco et la France. Ces installations, vidéos et céramiques interrogent chacune dans des registres et des tonalités différentes les liens que nous entretenons avec la nature dans le contexte des modèles économiques, agroalimentaires et géopolitiques actuels.

« C’est dans les campagnes que les usages contemporains de la nature [en tant que] ressource côtoient des formes plus sensibles d’être au monde. Les technologies appliquées à l’agriculture industrielle, les extractions minières, les barrages électriques, les élevages industriels, les développements urbains centralisés autours de ZI, les immigrations clandestines (main d’œuvre agricole), les constructions vernaculaires, les petits producteurs militants, les monnaies alternatives et SEL ; toute la complexité des enjeux de la mondialisation est manifeste sur le territoire rural. » (Suzanne Husky)